Chronique d'une <mercredi> algue </mercredi> qui va sauver le monde

Micro-algue aux propriétés nutritionnelles très riches, une cuillère de spiruline contient autant de protéines qu’un verre de lait, 100 grammes de steak ou de six carottes.
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Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture FAO, 795 millions de personnes se trouvent en situation de sous-alimentation dans le monde.

L’élevage contribue largement à ce phénomène planétaire de malnutrition. Les économistes Msangi et Rosegrant ont découvert qu’une baisse de 20% de la production mondiale de viande entraînerait automatiquement une baisse du prix de nombreux aliments d’origine végétale. Par exemple, les prix du manioc et du blé baisseraient de 7 %, le prix des patates douces de 10 %, celui du maïs, de l’orge du sorgho, de l’avoine et du millet de 20 %.

De plus l’impact environnemental de la production de viande est également notable puisque responsable de 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre. Impossible cependant de se passer de protéines ! Alors comment faire ?

Vous avez sans doute entendu parler des élevages d'insectes. Ce n'est pas la seule solution pour une alimentation durable. Il y aussi la piste prometteuse des micro-algues !
C’est justement la spécialité de l’entreprise Spiris qui cherche à développe une ferme industrielle et verte de production d’une micro-algue miraculeuse : la spiruline.

Une cuillerée de cette micro-algue contient autant de protéines qu’un steak, elle est aussi très riche en vitamines et en oligo-éléments. C’est l’aliment naturel le plus complet, utile aussi bien pour combattre la malnutrition que dans les pays développés où de nombreuses personnes ont des carences alimentaires.
Bernard Sacy, co-fondateur de Spiris

Encore chère aujourd’hui, la spiruline et ses propriétés sont pourtant reconnues puisqu’elle sert notamment à l’alimentation des astronautes.

Spiris ambitionne tout simplement de la démocratiser !

Actuellement, la spiruline vendue en Europe provient à 90% de Chine et des Etats-Unis. Et paradoxalement sa production est très peu... écologique à cause de l'eau consommée.
Bonne nouvelle, Spiris semble avoir trouvé la solution.
Comment ? Par un procédé qui consiste à faire pousser les micro-algues hors-sol, sur des micro-films, un peu comme des plans de tomates sous serre en Espace !
Et les résultats sont là, car la micro-algue produite par Spiris est 10 fois moins coûteuse en eau et 3 fois moins en surface.

La technologie mise au point par la start-up présente donc l’avantage de pouvoir proposer une spiruline locale et de qualité, à prix plus juste et sans impact négatif sur l’environnement.[1]

A l’heure où en Europe, 1 personne sur 8 souffre de carence alimentaire, elle pourrait s’avérer très utile. Si certains peuvent être rebutés par le fait de manger des algues en poudre, Vincent et Bernard savent qu'elles pourraient s’intégrer facilement à des boissons ou des plats.

Retrouvez la présentation de Bernard Sacy, co-fondateur de Spiris sur les propriétés de la spiruline :

Faire plus avec moins…

image_1 Vincent Nicolas et Bernard Sacy, fondateurs de Spiris

Spiris a été fondé il y a un an et demi par un duo atypique. Vincent, diplômé d'AgroParisTech et ingénieur en biotechnologie est à l'origine du projet. C’est en travaillant pour une start-up d’agriculture urbaine qu’a germé en lui l’idée de Spiris. Il s’est associé à Bernard, ancien étudiant de l'ESCP qui gère la partie "business development" de l’aventure.

Comme beaucoup de start-ups, Spiris a débuté sans aucun moyen financier ni équipement. Véritables Géo-Trouvetout et génies de la débrouille, les deux amis ont réussi à monter leur premier laboratoire en chinant dans les brocantes, sur le BonCoin et Ikéa.

image_2 Bernard Sacy et Vincent Nicolas, propose de faire goûter des smoothies à la spiruline devant leur serre de production.

Pour réaliser son ambition, la start-up a fait appel à Vendredi qui propose à des salariés de s'engager sur temps de travail pour s’engager pour des projets à impact social positif, grâce au mécénat de compétences[2]

L'entreprise a eu besoin de valider le potentiel de son innovation et d'identifier des débouchés. Et c'est pour ça que l’arrivée de Jean-Jacques, Directeur BioTech chez Chimex une entreprise experte en procédé chimique, en mission Vendredi offre à Bernard et Vincent un regard neuf et leur permet de définir des objectifs plus clairs.

Avec une double casquette ingénieur et business, Jean-Jacques aide l'équipe à réaliser une étude de marché sur les prochaines micro-algues qu'ils pourraient produire. Et en bonus, il apporte son expertise en matière de procédés industriels.

Jean-Jacques est d’ailleurs très optimiste pour le futur de Spiris :

« Chez Spiris, ils sont tous hyper motivés, hyper réactifs, et en R&D il y a pas mal de résultats. On est sur le chemin de la concrétisation. Mais il faut se fixer des objectifs réalisables pour ne pas croitre trop rapidement et "se brûler les ailes". »

Bienveillance et admiration mutuelle sont les maîtres-mots de l'aventure qu'ils partagent. Bien intégré dans l’équipe des 6 salariés de Spiris, véritable "papa poule", Jean-Jacques admet apprendre beaucoup. S’il a su aider sur la stratégie et les protocoles de Chimie, il a aussi été conquis par la flexibilité et l’esprit d’innovation qui règnent.

« J’aimerais amener mes collègues de Chimex chez Spiris pour leur montrer qu’on peut bien faire avec moins de moyens. Au cours de cette expérience, j'ai souvent ressenti qu’il faudrait que les personnes des grands groupes aient, elles aussi, une expérience de ce type. »

image_3 Jean-Jacques apporte son aide à l’équipe de Spiris

Aujourd'hui Chimex et Spiris explorent un partenariat industriel et Jean-Jacques continue en Vendredi sous le format mentorat. Pendant ce temps là l'équipe de Spiris commence ses tests sur de nouvelles micro-algues pour changer la donne dans nos assiettes. Silence ça pousse !


  1. Spiris a reçu le Prix spécial «Potentiel industriel » 2016 du Genopole Young Biotec Award, et a également été lauréat du 3ème Prix PEPITE-Tremplin pour l'Entrepreneuriat Etudiant en 2016 et du jury Maturation d’AgroParisTech 2017.) ↩︎

  2. Le mécénat de compétences consiste à mettre à disposition ses compétences, sur son temps de travail, au service de projets d’intérêt général.). C’est ainsi que Jean-Jacques, responsable du laboratoire de biotechnologie chez Chimex a pu intégrer l’aventure Spiris, une fois par semaine. ↩︎

Publié le par Vendredi